La sauveteuse prévient aussitôt le poste de secours par radio, pendant que sa collègue commence à s’occuper du triathlète. Sa chute n’a pas été violente, mais son état s’aggrave. « Il avait le regard vitreux et est tombé inconscient, raconte la sauveteuse. J’ai lâché la radio et suis allée immédiatement prêter main-forte. » L’homme a les yeux fermés et ne répond plus aux secouristes. Il est incapable de parler ou même de leur serrer la main.
Les sauveteuses contrôlent alors sa respiration, qui s’affaiblit dangereusement. « Son ventre ne se soulevait plus, je ne sentais plus d’air sur ma joue, détaille Nahia. J’ai bien attendu dix secondes car j’avais peur de me tromper, mais il ne respirait plus. » Le triathlète est en train de faire un arrêt cardiaque, probablement dû à une hypothermie lors de la transition entre les épreuves de natation et cycliste. Les bénévoles en informent le poste de secours par radio et commencent la réanimation sans tarder.
Douze minutes d’arrêt cardiaque
Nahia entame le massage cardiaque. Dans le même temps, une bouteille d’oxygène et un défibrillateur sont préparés par ses équipiers. « J’ai effectué les deux premiers cycles de massage [une alternance de trente compressions thoraciques et deux insufflations d’oxygène, ndlr], relate la Basque. Un sauveteur qui venait d’arriver faisait le bouche-à-bouche car la bouteille n’était pas prête. »
Des spectateurs se regroupent autour de la victime. « L’atmosphère était très oppressante en raison de la gravité de la situation, se souvient la sauveteuse. Je ne réalisais pas trop car j’étais concentrée. J’ai tout fait mécaniquement. » Pour que le massage cardiaque soit le plus efficace possible, les sauveteurs se relaient environ toutes les deux minutes.
Pendant ces cycles, les bénévoles écoutent le défibrillateur, qui suit l’état de la victime grâce aux électrodes posées sur son torse. À trois reprises, il délivre un choc électrique au compétiteur. Le dernier est le bon. Le jeune triathlète respire de nouveau, au grand soulagement de tous les sauveteurs et observateurs présents. L’arrêt cardiaque aura duré douze longues minutes.
« J’étais sonnée, je ne parlais pas beaucoup »
Nahia et son équipe surveillent désormais l’état du sportif en attendant les pompiers. Quelques minutes plus tard, il est transporté en hélicoptère vers l’hôpital de Bayonne. « On nous a dit qu’on lui avait sauvé la vie, confie Nahia avec retenue. On est assez fiers de nous, même si on a eu du mal à réaliser. » Grâce à la prise en charge rapide et à la bonne exécution du massage, le concurrent de 27 ans n’aura pas de séquelles.
Ce moment intense passé, les sauveteurs reprennent leur poste de surveillance pour le reste du triathlon. Ils commencent alors à réaliser. « J’étais sonnée dans l’après-midi, c’était le contrecoup, reconnaît Nahia. Je ne parlais pas beaucoup et je restais dans mon coin. » Quelques heures seront nécessaires pour que tout le monde reprenne ses esprits et se rende compte de l’importance de leur geste : selon l’hôpital européen Georges-Pompidou, 40 000 personnes succombent à un arrêt cardiaque chaque année en France.